LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Pepita Jiménez" - Juan Valera

Dieu versus Pepita.

"Pepita Jiménez" est la pseudo transcription d'une liasse de documents appartenant au doyen de la cathédrale de ***, comprenant pour l'essentiel des lettres de son neveu, dont le contenu est ensuite éclairé par le témoignage du doyen sur les faits qui y sont relatés. 

Le neveu, dont l'éducation a été confiée depuis ses 10 ans à son oncle, séminariste, maintenant âgé d'une vingtaine d'années, va bientôt être, selon son plus cher désir, ordonné prêtre. Auparavant, il rend visite à son père, cacique d'un village andalou. C'est donc depuis sa région natale qu'il écrit à son oncle -le fameux doyen-, notamment pour évoquer sa rencontre puis les relations qui vont l'unir à Pepita Jiménez, jeune femme à qui son père fait la cour.

Issue d'un milieu modeste, cette dernière est devenue riche à la mort de son époux octogénaire. Propriétaire de vergers et d'élevages, la jolie Pepita, coquette sans ostentation, pieuse, affiche un caractère paisible, sincère et bienveillant, qui lui vaut le respect et l'affection de tous. Sa demeure, entourée d'un magnifique jardin et peuplée de domestiques plus belles les unes que les autres, est un  havre de paix, et le lieu de rencontres régulières entre les notables du village.

C'est ainsi que le fils du cacique fait sa connaissance. Très rapidement il tombe sous le charme de cette hôtesse aussi charmante qu'intéressante, dédaignant les mises en garde épistolaires de son oncle. Sûr de lui, parce que sa méconnaissance du monde et de lui-même le rendent un peu naïf -respecter le vœu de chasteté est facile en l'absence de tentation-, le futur prêtre rétorque dans un premier temps que son attirance pour Pepita n'est pas charnelle, mais liée à l'idée d'une certaine forme de beauté décorrélée de tout attirance physique. Il se construit à partir des qualités de la jeune femme -intelligence, douceur- l'image d'un idéal, d'une pureté immatérielle... et puis, il est hors de question de se poser en rival de son père, qu'il aime profondément malgré leurs différences (le cacique est un joyeux gaillard qui aime profiter de l'instant présent), et qui voit en Pepita sa future épouse. 

Puis, peu à peu, l'attraction se fait de plus en plus prégnante, implique davantage ses sens. Il décèle chez la jeune femme les indices de sentiments réciproques... l'assurance quant à la solidité de sa vocation fait place à une douloureuse incertitude... 

Je pensais avoir affaire à un récit dans la veine de "Paulina 1880", décrivant la torture psychologique d'un homme en proie à ces aspirations contradictoires que sont la vocation religieuse et la passion amoureuse... Las, les affres dans lesquelles le plonge ce qu'il nomme "son mal" ne font pas long feu face aux délices qu'il découvre dans les bras de la belle andalouse... "Pepita Jiménez" se révèle ainsi être surtout un hommage à la jeunesse, à l'amour, à la vie, que l'auteur oppose à l'ennui des conventions sociales et à l'irréaliste rigueur religieuse, au point que l'on pourrait trouver son propos, bien que fort sympathique, parfois un peu mièvre. 

Par ailleurs, son style travaillé, ampoulé même, a amoindri le plaisir de ma lecture.

Malgré tout, "Pepita Jiménez", écrit en 1874, reste un intéressant témoignage des usages sociaux en cours dans l'Andalousie du XIXème siècle.


Et puis cette lecture me permet d'ajouter une seconde participation à l'activité "Un mois un éditeur" d'octobre, qui met les éditions ZOE à l'honneur.

Commentaires

  1. Effectivement, l'année de parution change le point de vue qu'on peut avoir sur ce roman : l'Espagne de cette fin de XIXe siècle, le sud de l'Espagne de surcroit était quand même très très conservatrice, bien loin de la tolérance et de l'ouverture d'esprit qu'on pouvait trouver ailleurs. Ça peut être un témoignage précieux en ce sens.

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    1. Oui, et c'est vrai que compte tenu du contexte et de l'époque, c'est un roman qui peut être considéré comme audacieux, voire iconoclaste !

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  2. Mmouais, je passe sans regrets ... Pourtant, l'époque et le sujet me disaient bien ...

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    1. Tu peux passer, en effet. Ce soi-disant "grand classique de la littérature espagnole" m'a déçue, je dois dire. Trop "fleur bleue" !

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