LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Le fémur de Rimbaud" - Franz Bartelt

"Un faux poil de la barbe de Charlemagne se vendra toujours plus facilement que le vrai cheveu d'un anonyme d'aujourd'hui. Tout l'art de la brocante consiste à trouver la fable la mieux adaptée à l'objet qu'on expose".

Majésu Monroe est un peu brocanteur, un peu poète, un peu escroc... il est surtout hâbleur, incroyablement prétentieux, menteur et de mauvaise foi. Capable de faire passer un os de pot-au-feu pour une vertèbre de Vercingétorix, ou de vendre chaque semaine un vase de Soissons, il met son imagination débordante et rusée au service du commerce de fausses raretés grâce auquel il vivote. 

C'est en officiant sur un marché qu'il fait la connaissance de Noème Parker, fille de parents richissimes, qui a décidé de mener une guerre sans merci contre la bourgeoisie, la richesse, l'injustice sociale, et voue une haine meurtrière à ses géniteurs. En accord avec ses principes, elle vit dans le dénuement, et fréquente de pauvres hères envers lesquels elle se montre particulièrement généreuse. Fantasque, intransigeante, capable d'engloutir sans sourciller des litres de bières, elle séduit aussitôt Majésu. Une attirance vraisemblablement réciproque, puisque quelques semaines après leur rencontre, les deux tourtereaux se marient.

Un bonheur de courte durée : lorsque les parents de Noème décèdent trois jours après la noce dans un accident d'avion, la jeune épouse se métamorphose...

"Le fémur de Rimbaud" est un roman qui se lit avec facilité, grâce à son ton facétieux. Majésu, le narrateur, s'exprime dans un langage volontairement trop soutenu, très imagé, qui accentue ce pédantisme qui le rend à la fois si agaçant et si drôle. Sa vantardise et son épouvantable mauvaise foi sont aussi l'occasion d'épisodes et de digressions cocasses. Cette verve confère à l'intrigue une dimension théâtrale, vaudevillesque même, malheureusement amoindrie par un enchaînement parfois poussif des événements, qui donne l'impression que l'inspiration de Franz Bartelt s’essouffle au fil du roman.

Aussi, si j'ai passé avec cette lecture un moment plutôt agréable, je n'en garderai probablement pas un souvenir impérissable.

>> Un autre titre pour découvrir Franz Bartelt : "Le jardin du bossu".

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